Une table de 50 m de long. Cent convives, 4 000 pièces dressées. Au centre, une pièce majestueuse : le fameux « Surtout ». En 1852, pour son arrivée au pouvoir, Napoléon III souhaite marquer les esprits. Un défi auquel seule la Maison Christofle pouvait répondre.
Le service des cent couverts
Lorsqu’il arrive au pouvoir, en 1852, Napoléon III veut asseoir sa légitimité et réintroduire une vie de cours aux Tuileries. Pour cela, il mise sur les dîners. Il commande alors à la Maison Christofle un service contenant 4 000 pièces : un service de cent couverts ainsi qu’un monumental Surtout, sorte d’immense centre de table.
Les ornements de ce service se distinguent par leur éclectisme. On retrouve les palmettes et les feuilles d’eau du style Empire, les abeilles de la dynastie Bonaparte ou encore les perles et les médaillons d’influence Louis XVI. Pour réduire les coûts, Napoléon III opte pour le métal argenté, bien moins cher que l’argent massif.
Le Surtout, véritable programme politique
A cette époque, chaque service s’accompagne d’un Surtout. Une pièce centrale qui rassemble sculptures, salière, poivrière, boîte à épices, candélabre, vase… Celui que Napoléon III commande est conçu comme un véritable programme politique. C’est François Gilbert, sculpteur très réputé, qui en réalise le dessin.
121 pièces le composent, sa partie centrale mesure à elle-seule près de 3m. Au centre, une allégorie de la France couronnant le char de la Paix à gauche et celui de la Guerre à droite. Autour, quatre coupes symbolisent les villes de France. Huit candélabres représentant différents corps de métiers l’encerclent.
Napoléon III, très impliqué dans la construction de son Surtout, rend régulièrement visite aux ateliers Christofle. Les ateliers étant trop petits pour accueillir une table de 50 m de long, une présentation est organisée dans une salle de l’hôpital parisien Lariboisière, alors en construction.
La reconnaissance du savoir-faire de Christofle
Livré en 1856, le service de table complet est une prouesse technique. Sculpture, argenture, dorure… il reflète tous les savoir-faire de la Maison Christofle. En 1871, il brûle dans l’incendie des Tuileries par les Communards. Quelques pièces sont néanmoins récupérées dans les cendres de l’incendie. Aujourd’hui, on peut encore les voir au Musée des Arts Décoratifs de Paris.
Malgré son funeste destin, ce service des cent couverts signe le début d’une vraie reconnaissance pour la Maison Christofle. Dans les années qui suivent, du Palais de l’Elysée aux ambassades en passant par les ministères, tous les grands corps de l’Etat se dotent de leur propre service Christofle. Une tradition qui perdure aujourd’hui encore.